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14 févr. 2018

L'électrohypersensibilité pourrait être une sequelle d'un traumatisme cranien

L'électrohypersensibilité pourrait être une sequelle d'un traumatisme cranien
par Jacques Lintermans, linkedin.com, 14 février 2018

Une objection couramment exprimée à l'encontre de la reconnaissance de l'électrohypersensibilité (EHS) comme étant pathologique tient comme argument qu'aucune maladie ne peut être attribuée de manière univoque aux effets des champs électromagnétiques (CEM) (1). Certains sujets montrent des troubles provoqués selon eux par une exposition aux CEM, mais ces troubles sont le plus souvent diagnostiqués comme étant de nature subjective, ou relevant d'un déséquilibre physiologique non-corrélé avec une morbidité.

Les tentatives visant à mesurer expérimentalement les effets des micro-ondes chez l'homme ont fait l'objet de critiques comme n'ayant pas jusqu'ici apporté de résultats concluants. Ainsi les modifications de certains biomarqueurs observées chez des sujets suspectés d'être électrosensibles manquent de spécificité et peuvent donner lieu à diverses interprétations, éventuellement sans rapport avec une toxicité environnementale. Par exemple, les taux de mélatonine anormalement bas qu'on a détectés chez presque tous les individus se plaignant d'être électrosensibles (2) pourraient aussi refléter un état dépressif (3), le syndrome de l'EHS et celui de la dépression présentant des plus une certaine similitude.

Cette incertitude, combinée avec un manque de test permettant de diagnostiquer l'EHS de manière précise, explique la réticence à la fois du corps médical et des Autorités de Santé à reconnaître l'EHS comme une maladie.

Récemment, les résultats d'une étude effectuée par IRM chez des sujets présumés électrohypersensibles permettent de reconsidérer le problème sous un angle nouveau.

En effet, une hyperconnectivité neuronale est observée chez ces sujets (4), montrant pour la première fois dans ces cas-ci une corrélation entre lésion organique et symptômes de dérèglements neurologiques.

Ces résultats peuvent faire l'objet de l'interprétation suivante.

Il a été rapporté qu'une hyperconnectivité neuronale s'observe aussi dans les cas de dépression (5) et d'épilepsie (6), troubles qui sont des séquelles courantes et souvent tardives d'un traumatisme crânien. Or, l'anamnèse de tous les sujets testés au cours de l'étude ci-dessus fait mention de lésions cérébrales anciennes, restées sans séquelles apparentes.

Une stimulation répétée par des ondes électromagnétiques pourrait donc avoir déclenché ces troubles.

Un lien entre une sensibilité aux ondes et une faiblesse organique semblerait ainsi établi confirmant d'une part une corrélation possible entre les symptômes de l'EHS et ceux d'une dépression, et expliquant d'autre part l'origine d'une forme de manifestation épileptique chez les électrohypersensibles, les spasmes faisant partie des symptômes de l'EHS.

Il en ressort que si les effets proprement pathologiques de l'EHS ont longtemps été mis en doute, une nouvelle évaluation basée sur des données expérimentales récentes plaide en faveur de l'hypothèse inverse, à savoir que c'est une faiblesse organique d'origine pathologique qui, chez certains sujets, crée une prédisposition et explique les troubles provoqués par une exposition prolongée aux champs électromagnétiques.

Ces considérations peuvent être utiles pour orienter le diagnostic et décider d'un traitement (7) par le médecin en présence d'un patient qui semble atteint d'EHS.

Il en résulte aussi qu'exposer aux ondes ambiantes dans les milieux hospitaliers ou centres de revalidation des malades atteints de lésions cérébrales pourrait présenter un risque de provoquer chez eux une EHS et qu'il convient d'y être attentif.

Ces données plaident également pour la reconnaissance dans certains cas de l'appartenance de l'EHS au domaine pathologique.

Références:

(1) OMS, Champs électromagnétiques et santé publique : hypersensibilité électromagnétique, aide-mémoire No 296, décembre 2005 
(2) Belpomme D. et al., Reliable disease biomarkers characterizing and identifying electrosensitivity and multiple chemical sensitivity as two etiopathogenic aspects of a unique pathological disorder, Rev Environ Health 2015;30(4):251-274 
(3) Trémine Th., Dépression et rythmes circadiens, L'information psychiatrique (2007),83:63-8 
(4) Heuser G. et al., Functional brain MRI in patients complaining of electrosensitivity after long term exposure to electromagnetic fields, Rev Environ Health 2017; 32(3):291-299 
(5) Leuchter AF. et al., Resting-State Quantitative Electroencephalography Reveals Increased Neurophysiologic Connectivity in Depression, PLoS ONE.2012;7(2) 
(6) Volmar C., (2016) Neuroimaging of functional and structural alteration in Juvenil Myoclonic Epilepsy and Frontal Lobe Epilespy, Doctoral thesis, University College of London 
(7) Lintermans J., Effets Cellulaires: les Champs Électromagnétiques et leurs Antagonistes, NEURONE Vol22 No4. 2017 pages 12-13

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